Durant la Première Guerre mondiale, Marquillies a comme tant d’autres beaucoup souffert de la présence des occupants.

 

Dégradations et destructions se sont succédées pendant quatre années jusqu’à l’heure de la retraite où nombre de maisons particulières, d’édifices civils et religieux ont été volontairement détruits pas les Allemands pour encombrer au maximum les voies de communications et retarder par ce fait la progression des libérateurs.

 

C’est à cette époque que les tours des églises de Beaucamps, Wavrin, Sainghin-en-Weppes, Marquillies, se sont effondrées par l’explosion de mines.

Ces clochers étaient muets depuis plusieurs mois puisque dans chaque village de la région et loin en arrière de la ligne de front, l’envahisseur avait, par nécessité économique, enlevé tous les métaux nécessaires à l’exécution des matériels de guerre.


Pendant le déroulement de ses opérations de récupération de grandes envergures (même les éclats d’obus étaient ramassés), une cloche bénéficiait d’attentions particulières : celle de Marquillies.

Elle avait été installée dans le clocher vers la fin du XIXe siècle et portait l’inscription suivante : « L’an 1897, 18 du mois de juillet, M. Alexandre Coget étant maire de Marquillies, Louis Millecamps, vice-doyen, curé et Emile Dubart, pro-curé. Je loue le vrai Dieu, j’appelle les fidèles aux offices divins et j’espère sonner un jour la victoire et le retour à la France de l’Alsace et la Lorraine. J’ai été baptisée par M. Carpentier, doyen de La Bassée et nommée Catherine Pauline Louise. Mon parrain a été M. Coget, maire et ma marraine Mme Brame ».


Ceci était un texte facilement exploitable par l’encadrement des troupes afin de maintenir un esprit combatif ; la promesse d’une guerre courte et joyeuse s’était révélée inexacte.

Petite revanche sur l’esprit et la lettre, chaque victoire allemande fut inscrite sur cette cloche par un soldat de la 13e division d’infanterie (régiment de Westphalie) et fêtée par une sonnerie spéciale ordonnée par l’occupant. Nous avons pu y relever à cette époque :

« Cette cloche a sonné le 3 mai 1915, à l’occasion de la victoire de l’armée allemande sur les Russes à West-Galizien. Le 22 juin 1915, à l’occasion de la ville de Lemberg. Le 4 août 1915, à l’occasion de l’annexion de Warschau. Le 18 août 1915 pour Rowno. Le 19 août 1915 pour nowo-Georgiewst. Le 26 août 1915, pour Brest-Litowsk. »

Ainsi exposée à Berlin, elle résista à la refonte jusqu’au-delà de l’armistice. C’est dans cette ville qu’un Français la vit en 1919. Aussitôt prévenu, M. Gustave Barrois, maire de Marquillies, fit les démarches nécessaires pour son rapatriement. C’est ainsi qu’elle put chanter le retrour de l’Alsace et la Lorraine dans le clocher de la nouvelle église.

 

H. Cottignies - Revue n° 1 éditée par le Cercle historique de Marquillies