Professeur honoraire à l' Ecole Normale d'Arras
Officier d'Instruction publique
Secrétaire honoraire de l'Académie d'Arras
Vice-Présidente de la Commission Départementale des Monuments Historiques
Présidente du Comité Artésien du Floklore

C'est avec tous ces titres, au terme d'une vie admirable, que Mademoiselle Célestine Leroy, le 16 Novembre 1966, regagnait définitivement son cher village natal, Marquillies, où elle naquit le 19 juin 1884, au 27 Rue de Verdun où ses parents : Louis-Philippe Leroy et Céline Toulotte exploitaient la ferme familiale.

Aînée de quatre filles, elle obtint son certificat d'études en 1895, à onze ans. Elle partit ensuite travailler chez sa marraine à La Gorgue, Madame Marat-Toulotte, institurice dans cette commune. y gagna-t-elle sa vocation d'enseignante ? Elle part à l'Ecole Supérieure de Roubaix puis élève à l'Ecole Normale de Douai.

En 1903, elle est nommée institutrice à La Bassée et chargée d'une centaine d'élèves, de tous âges. L'année suivante, elle repart à l'Ecole Normale de Douai en préparant son professorat. Reçue en 1905, elle fut nommée professeur à l'Ecole Primaire Supérieure de Draguignan, l'année suivante à Caen où elle resta jusqu'en 1911.

En 1911, elle est nommée Professeur à l'Ecole Normale d'institutrice d'Arras où elle demeura jusqu'à sa retraite en 1944, mis à part les quelques mois qu'elle passa en pays envahi en 1914-1915 avant de parvenir à rejoindre l'Ecole Normale repliée à Berck depuis Mars 1915, qui ne rouvrit à Arras qu'au 1er avril 1925 dans les locaux reconstruits.

En 1914, l'invasion allemande la surprend en vacances chez ses parents à Marquillies. Elle obtient un poste à Wavrin et loge chez les demoiselles Wattelier qui tiennent une mercerie "Au petit bouton". Elle ouvrit l'école aux grands garçons pour les mettre à l'abri de la réquisition par les allemands pour le service du travail : patriotisme qu'elle manifestera encore en 1940 en déclarant au cours d'une classe d'histoire "Les Allemands n'ont pas envahi l'Angleterre..., ils finiront par perdre la guerre..., immanquablement ! Au plus vite, au mieux ! ".

EN 1914 donc, grâce à l'aide de fermiers d'Aubers, la famille Hédoire qui connaissait quelques passages frontaliers en période calme, elle réussit à  passer la ligne de feu et rejoindre l'Ecole Normale repliée à Berck.

Sa qualité de professeur d'histoire l'orienta vers l'ethnographie et elle s'intéressa dès lors jusqu'à la fin de sa vie au folklore régional.

Son érudition fut dense, ses recherches minutieuses, ses écrits, des sources d'informations les plus sures...
Elle était un guide par l'étendue de ses connaissances tant spécifiques que littéraires et artistiques, pour le charme de sa société et de sa conversation, pour sa valeur morale et son inlassable activité, voilée de modestie, pour la délicatesse de son coeur et son exquise bonté. Elle fut l'âme de la recherche folklorique dans notre région.

Citons quelques-uns de ses ouvrages :
La Toussaint et le jour des morts au Pays d'Artois
Le culte de St Eloi dans le Nord de la France
La fête des rois
Les pierres à légendes
Le folklore des Eaux
Les traditions populaires dans le Nord de la France

A sa mort, et après sa mort, des voix autorisées lui ont rendu l'hommage qu'elle méritait : le 14 février 1980, le Conseil Municipal de la ville de Lens donna son nom à l'une de ses rues. Le 11 Décembre 1991, le chanoine Berthe de l'Académie d'Arras, dans une longue communication termine son hommage à Mademoiselle Leroy par ces mots "Animée d'une passion que j'ai tenté de vous faire découvrir (ou redécouvrir), Melle Leroy, comme l'industrieuse abeille, a su prendre son bien au fil de ses lectures et des ses rencontres. De ce miel, ou de ce "bouquet spirituel" ...au sens large, qu'elle a confectionné, comme tant d'autres j'ai bénéficié avec largesse. Il m'était impossible d'oublier son souvenir. Mais je suis loin d'être le seul, n'est-ce pas ?".


Prosper Leprovost - Revue n° 1 éditée par le Cercle historique de Marquillies